COMBAT SPIRITUEL

Publié le par lumpungu

Le Combat Spirituel

 De la dévotion sensible et de la sécheresse spirituelle.

LA DÉVOTION sensible procède tantôt de la nature, tantôt du démon, tantôt de la grâce. Vous en reconnaîtrez l’origine aux fruits qu’elle produira. Si elle ne rend pas votre vie meilleure, vous avez sujet de craindre qu’elle ne vienne du démon ou de la nature; et cette crainte sera d’autant plus fondée, que vous prendrez plus de goût et de plaisir à cette dévotion, que vous vous y attacherez davantage, et qu’elle vous donnera une plus grande estime de vous-même.

LORSQUE vous sentirez les consolations spirituelles abonder en votre âme, ne vous amusez point à examiner quel en peut être le principe. Gardez-vous de mettre en elles votre confiance et de perdre de vue la connaissance de votre néant; mais, redoublant de vigilance et de haine à l’égard de vous-même, efforcez-vous de tenir votre cœur libre de tout attachement, même spirituel, et de ne désirer que DIEU seul et son bon plaisir. De cette manière, la douceur que vous ressentez, dût-elle son origine à l’action de la nature ou du démon, deviendra un effet de la grâce.

LA SÉCHERESSE spirituelle peut procéder pareillement des trois principes que nous venons de mentionner DU DEMON, qui espère par-là nous porter au relâchement et nous faire abandonner les exercices spirituels pour les amusements et les plaisirs du monde;

DE NOUS-mêmes, qui y donnons lieu par nos fautes, notre attachement aux choses de la terre et notre négligence;

DE L’ESPRIT-SAINT qui nous envoie cette épreuve, soit pour nous avertir d’être plus diligents à nous détacher de tout ce qui n’est pas DIEU ou qui ne tend pas à lui; soit pour nous convaincre, par notre propre expérience, que tout ce qu’il y a de bien en nous vient de DIEU; soit, pour nous faire estimer d’avantage les dons du ciel et nous les faire garder avec plus d’humilité et de vigilance; soit pour nous unir plus étroitement à sa divine Majesté, en nous faisant renoncer à tout, même aux délices spirituelles, de peur que les aimant trop nous ne leur donnions une part de ce cœur que le Seigneur veut tout entier pour lui; soit enfin parce qu’il se plaît, pour notre bien, à nous voir combattre de toutes nos forces et mettre sa grâce à profit.

LORS donc que vous sentirez cette sécheresse spirituelle, rentrez en vous-même, examinez quel est le défaut qui vous a fait perdre cette dévotion sensible, et déclarez-lui la guerre, non pour recouvrer les consolations de la grâce, mais pour bannir de votre âme tout ce qui déplaît aux yeux de DIEU.

SI VOUS ne découvrez pas en vous ce défaut, efforcez-vous d’acquérir, au lieu de la dévotion sensible, la dévotion véritable qui consiste dans une prompte résignation à la volonté de DIEU.

GARDEZ-vous bien surtout d’abandonner vos exercices spirituels; employez au contraire toute votre énergie à les continuer, quelque infructueux et insipides qu’ils vous paraissent, et acceptez de bon cœur le calice d’amertume que vous présente l’amoureuse volonté de DIEU.

ET SI la sécheresse est accompagnée de tant et de si épaisses ténèbres spirituelles que vous ne sachiez où vous tourner, ni quel parti prendre, ne vous découragez point pour cela; mais demeurez fermement attaché à la croix, ne recherchez point les consolations terrestres, repoussez-les même, si le monde et les créatures venaient vous les offrir.

QUE tous ignorent vos peines, hormis votre Père spirituel à qui vous les découvrirez, non pour les alléger, mais pour apprendre de lui le moyen de les supporter conformément au bon plaisir de DIEU.

NE FAITES point vos communions, vos prières et vos exercices spirituels pour obtenir de DIEU qu’il vous détache de la croix, mais bien pour acquérir la force dont vous avez besoin pour la porter à la plus grande gloire de JÉSUS crucifié.

QUE si le trouble de votre âme vous empêche de méditer et de prier comme vous le souhaiteriez, méditez le moins mal que vous pourrez.

CE QUE vous ne pouvez faire par l’intelligence, efforcez-vous de le faire par la volonté; servez-vous de la prière vocale, vous adressant tantôt à vous-même, tantôt à votre divin Maître. Vous en retirerez des fruits merveilleux; et votre cœur pourra respirer et reprendre des forces.

DITES à votre âme Pourquoi es-tu triste, ô mon âme, et pourquoi me troubles-tu ! Mets en DIEU ton espérance, car je le louerai encore ! Il est le salut de mon visage, il est mon DIEU. (Psaume XII. 8.)

Pourquoi, Seigneur, VOUS êtes-VOUS retiré de moi, et dédaignez-vous de me regarder au temps de ma détresse et de ma tribulation ! (Psaume X. Heb. I.) Ne m’abandonnez pas pour toujours. (Ps. CXVIII. 8.)

RAPPELEZ-V0US la doctrine consolante que DIEU révéla à Sara, femme de Tobie, au temps de sa tribulation; mettez-la à profit et dites de vive voix avec cette servante bien-aimée du Seigneur : Quiconque vous honore a la certitude que si sa vie est éprouvée, elle sera couronnée que si elle est dans la tribulation, elle en sera délivrée; que si elle est châtiée, elle obtiendra miséricorde. Car vous ne prenez point plaisir à nos tribulations; mais après la tempête, vous rendez le calme, et après les larmes et les soupirs, vous répandez l’allégresse. O Dieu d’Israël, que votre nom soit béni dans tous les siècles. (Tobje III, 21, 22, 23.)

RAPPELEZ-VOUS à quel excès de douleur Jésus se vit abandonné, dans le jardin et sur la croix, par son Père céleste lui-même; et portant votre croix à son exemple, vous direz de tout cœur : «Que votre volonté soit faite».

SI VOUS agissez de la sorte, la patience et l’oraison élèveront la flamme de votre sacrifice jusqu’au trône de DIEU, et vous acquerrez la vraie dévotion.

CETTE dévotion, comme je l’ai dit plus haut, consiste à avoir la ferme volonté de suivre sans hésiter et la croix sur les épaules, notre divin Sauveur, en quelque lieu qu’il nous appelle et nous conduise; elle consiste à aimer DIEU pour lui-même, et parfois aussi à quitter DIEU pour DIEU.

SI LES personnes qui font profession de piété, et les femmes principalement, mesuraient leurs progrès à leur résignation plutôt qu’à leur dévotion sensible, elles ne seraient pas victimes de leurs illusions et des artifices du démon; elles ne se plaindraient pas sans utilité, mais non sans ingratitude, du bienfait signalé que le Seigneur leur accorde, et elles s’appliqueraient avec plus de ferveur à servir sa divine Majesté qui dispose ou permet tout ce qui nous arrive pour sa gloire et notre avantage.



VOICI encore une illusion commune chez les personnes du sexe, chez celles mêmes qui s’éloignent avec crainte et prudence des occasions dangereuses. Parce qu’elles sont tourmentées de pensées impures et horribles, parfois même de visions immondes, elles se troublent, perdent courage et se croient abandonnées et repoussées de DIEU : il leur semble impossible que l’Esprit Saint demeure dans une âme remplie de semblables pensées.

LEUR abattement devient tel parfois qu’elles sont sur le point de se laisser aller au désespoir et d’abandonner leurs exercices spirituels pour retourner en la terre d’Egypte.

ELLES ne savent pas apprécier le don du Seigneur et comprendre que, si DIEU permet qu’elles soient assaillies de ces horribles fantômes, c’est afin de les ramener à la connaissance d’elles-mêmes et de les forcer, par le sentiment de leur impuissance à s’approcher de lui.

Faute de comprendre les vues de DIEU à leur égard, elles se plaignent amèrement de ce qui devrait être pour elles l’objet d’une reconnaissance sans bornes envers la bonté infinie du Seigneur.

CE QUE vous avez à faire en ces occasions, c’est de considérer attentivement les inclinations perverses de votre nature. DIEU veut, dans votre intérêt, que vous sachiez combien ces inclinations sont promptes à vous entraîner au mal, et dans quel abîme elles vous précipiteraient, s’il ne venait à- votre secours.

EXCITEZ-VOUS ensuite à la confiance en DIEU. Persuadez-vous bien que, s’il vous découvre le péril, c’est qu’il est prêt à vous venir en aide; que son désir est de vous attirer et de vous unir plus étroitement à lui par la prière et l’invocation de son nom ! Que, partant, vous lui devez d’humbles actions de grâces.

TENEZ pour assuré que ces tentations et ces pensées mauvaises se dissipent mieux par la souffrance paisible de la peine qu’elles vous causent et par une adroite fuite, que par une résistance pleine d’inquiétudes.


Publié dans Assemblée de prière

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